paysages

Ça c'est Saoû

C'est une histoire au long cours. Au printemps dernier, en 2021 donc, j'étais allé m'asseoir sur mon petit pliant rouge, face au long massif montagneux encerclant le village de Saoû, dans la Drôme. À mon habitude, je dessinai alors directement sur 4 plaques de linoléum ce qui allait devenir l'édition La plaine de Saoû. Imprimé en bleu-gris, moitié sur papier Rives blanc, moitié sur Rives café crème, j'en tirai 10 exemplaires. Un article de ce site est consacré à cette édition.

Mais dès le début, l'idée d'en réaliser une version en couleurs était là. Et quasi un an plus tard, c'est désormais chose faite. Puisque les plaques de traits existaient déjà, je m'en suis servi pour caler les 4 plaques dans lesquelles j'allais graver les 5 différentes couleurs à venir, les traits venant se superposer en un sixième passage. Voici à quoi ressemble mes plaques au début du processus :

Les plaques sont imprimées 2 par 2, posées têtes bêches pour préparer la suite, c'est-à-dire le façonnage à venir, assez fastidieux, et qui dépendra beaucoup du soin accordé au calage précis des plaques. Elles sont ici dans leur premier état, gravées pour laisser apparaître le blanc du papier. Le trait a été dessiné au feutre indélébile, de petits numéros me permettent de repérer les différents passages à venir. La première impression sera un jaune, dont je n'ai pas de trace à vous montrer. Ensuite, je vais imprimer un gris, comme on peut le voir dans cette vidéo :

gris

Et voici 2 des plaques au moment du passage de gris :

Ensuite vient un bleu. On peut voir au passage la façon dont les plaques sont gravées au fur et à mesure.

C'est la technique de la "plaque" ou "planche perdue", puisqu'au lieu d'utiliser une plaque pour chaque couleur, c'est la même plaque qui est re-gravée au fur et à mesure des impressions successives. Là où ça se complique, c'est que mon estampe finale sera constituée de 4 planches, pour former un panorama de presque 2 m de long. Allez, maintenant, le bleu :

bleu

Il y a toujours un moment, avec cette technique, où on ne sait plus trop où on en est ; je dois garder de la matière, du lino, pour le passage suivant. Il y a donc des zones de l'image qui sont bleues pour l'instant, mais qui ne vont pas le rester. La preuve, voici un premier vert :

vert 1

Puis un dernier vert avant le trait final. Regardez bien ce qui reste des plaques, parce qu'après ce passage, je les décolle de leur support pour les bazarder à la poubelle.

vert 2

Et voilà. Comme à chaque fois, je me dis que je pourrais oser de me passer du trait, de faire un vrai travail de coloriste. Pour une fois ! Mais non. C'est trop dur. Ça vient du fait que je pars du trait et que je me sens obligé de finir avec. Mais un jour, oui, un jour, vous verrez. J'y arriverai... Voici donc l'impression des plaques de trait, celles-là même qui ont servies à l'élaboration des plaques de couleur. Dans la foulée, un petit travelling pour vous montrer l'ensemble, vu que c'est très difficile de prendre une bande de 2 m en photo...

Et quand-même, pour résumer l'aventure, une vue du ciel des 5 passages de couleurs successifs.

travelling trough ÇA C'EST SAOÛ

Dans une autre vie, j'aurais aimé concevoir du packaging, des emballages, des boites. J'aime ça, et chaque nouvelle édition m'en donne l'occasion. Ici, l'estampe étant imprimée sur un papier très couché, aux allures de papier photo, je n'avais pas envie de le plier comme j'ai pu le faire pour Une plaine de Saoû. La solution du rouleau s'est donc imposée, et comme il me restait de ce beau papier cristal rose, j'en ai fait mon affaire.

Le rouleau de couverture

ÇA C'EST SAOÛ, linogravure en 6 couleurs, 18,5 cm x 195 cm. 110 exemplaires numérotés & signés, 40 €. À commander via eldrawdraw@gmail.com.