"Dès mon apprentissage de la typographie, je fus fasciné par la possibilité
de rendre le monde de l’esprit par la simple combinaison d’un nombre
restreint de caractères en plomb. Ma passion pour la lettre était née".
A. Frutiger
Le projet artistique «Tout l’Univers» se propose d’établir des cartes, non pas topographiques, mais typographiques. Animé par une profonde curiosité pour la toponymie et un grand intérêt porté aux représentations graphiques et cartographiques de nos environnements, j’ai eu l'envie de proposer la réalisation de paysages entièrement constitués de mots. En jouant sur leurs tailles et leurs couleurs, on retrouvera à la fois une vision picturale proche des cartes géographiques, et, vu de près, un corpus textuel mélangeant géographie, histoire, émotions, langues, données scientifiques, personnages légendaires...
Suite à une discussion avec mon ami Didier Mazellier qui avait tenté un atelier de ce genre lors d'un festival de théâtre de rue, je me suis lancé dans la conception de cette proposition.
Techniquement, l’atelier se compose d’un ensemble de caractères d’imprimerie en caoutchouc de la marque Tiflex, de la police Univers, du corps 24 au corps 72. Ces caractères sont assemblés puis encrés manuellement, afin d’être pressés contre un support aux dimensions variables, formant la carte finale.
Tout l’Univers, c’est une déclinaison en 21 variations d’une même police de caractère, l’Univers, créée entre 1954 et 1957 par le typographe suisse Adrian Frutiger (1928-2017).
« L’Univers est un projet ambitieux. Il s’agit de créer un caractère « universel », neutre, simple et apte à toute utilisation dans toutes les langues ».
Tout l’Univers, c’est une revue hebdomadaire publiée à partir du 25 octobre 1961. Rapidement vendue sous forme reliée, sa série rouge est constituée de 240 n° parus en 55 mois, entre octobre 1971 et octobre 1976. On y trouvait des rubriques d’histoire, de géographie, de science ou de littérature.
Tout l’Univers, utilise des caractères mis au point par la marque Tiflex. Créée à Lyon en 1890, l’entreprise d’ Anthony Léopold fabrique des timbres en gélatine durcie pour marquer les sacs de minotiers. En 1920, elle devient Tiflex (de TImbre FLEXible). Dans les années 30, elle produit les premières plaques d’immatriculations de véhicule. Pendant la seconde guerre mondiale, les ouvriers fabriquent de faux tampons administratifs pour la résistance. L’entreprise crée différents modèles de presses et développe une gamme de caractères pour impression. Elle est spécialisée aujourd’hui dans le marquage sérigraphique et numérique.
Cette proposition d'atelier a déjà vu le jour plusieurs fois, la plupart du temps en complément de projets plus larges. Le premier s'est déroulé au lycée agricole Les Valentins, de Bourg lès Valence, en 2019, à l'occasion de l'exposition pensée par la professeure Murielle Thorens, en partenariat avec l'Esad de Valence. L'exposition s'intitulait "Visible / Invisible".
Ensuite, ce dispositif a servi lors de deux très beaux projets initiés par la Cie du Centre Imaginaire, les Passage(s). Le premier s'est intéressé à la carrière de tuf de Peyrus (26), le second aux quartiers ouest de la ville, anciennement ouvrière et principalement dédiée aux trains : Portes lès Valence.
Ensuite il y a eu une carte réalisée à la MFR de Mondy (26)...
Ensuite, c'est lors du projet de cartographie " Valence Sensible " que j'ai développé le dispositif...
Et pour finir, lors du projet autour de la charbonnière de Rencurel, les élèves de 6ème ont imprimé un long panorama typographique...
Et ensuite ? Hé bien, à vous de me le dire ! Je précise que je suis inscrit au Pass culture, c'est donc assez facile d'arrondir les angles administratifs pour me faire intervenir dans votre structure si vous faites partie de l'éducation nationale. Si vous êtes une compagnie, ou autre, et que ce procédé vous semble intéressant en complément d'un de vos projets, hé bien, parlons-en ! Ci-dessous, le dossier de présentation téléchargeable en pdf.
Ci-dessus, le "Tout l'Univers" des 6èmes du collège J. Chassigneux, de Vinay en Isère. Petite nouveauté, cette carte a été réalisée en collaboration avec la sérigraphe Charlène Guillaume. Nous avons coupé les classes en deux groupes : le 1er imprimait, en sérigraphie, un ensemble de motifs cartographiques issus de cartes Cassini, le second imprimait les mots de l'environnement immédiat et quotidien. A la fin de chaque séance, on collait les impressions sur 2 cartons de 35 x 50 cm, puis on s'échangeait les cartons. Le résultat donne une carte d'environ140 x 100 cm, en bichromie. Merci à Mireille Martin, professeur d'arts-plastiques et ses collègues de Français de nous avoir inviter. Une série d'atelier réalisés dans le cadre du Pass'culture.